NARCISSE DES POÈTES

elle n’était pas complètement nue
elle portait un tablier à pois
une culotte à fraises
et des chaussures noires
sa bouche était rouge
et ses mains aussi
ses pieds
je ne sais pas
tout ce que je sais
c’est que nous étions trois
elle
elle
dans
le miroir
et moi
quel émoi
elle enleva son tablier et sa culotte
mais pas ses chaussures noires
et dans le miroir se mira
s’appelait-elle
mira ou mari
je ne sais pas
ce que je sais c’est
qu’elle était adultère
car mira rima avec mari
en fait nous n’étions que deux
nous étions deux en fête
nous n’étions qu’elle et moi
l’autre c’était encore elle
narcisse quatre et deux six dans son eau vide il n’y a personne car elle n’existe pas
d’ailleurs rien n’existe il n’y a plus do ré mi fa sol la si c’est le vide à moi o et ovide
et bien sûr je parle aujourd’hui de narcisse car aujourd’hui c’est la fête de narcisse
c’est-à-dire qu’aujourd’hui l’évènement gastronomique pardon astronomique c’est
la conjonction égocentrique anagramme de géocentrique en ascension droite entre
narcisse et le reflet de narcisse dans l’eau vide c’est aussi l’anniversaire de la mort
du grand georges brassens
et donc je ne chanterai pas
car brassens est là pour ça
vas-y georges chante-nous
les passantes d’antoine pol
« que l’on n’a pas su retenir »
écoutons aussi le poème
à une passante
de charles baudelaire
chanté par léo ferré
« ô toi que j’eusse aimé
ô toi qui le savais »
écoutons aussi le poème
on n’est pas sérieux
quand on a dix-sept ans
d’arthur rimbaud
chanté aussi par léo ferré
« on n’est pas sérieux
quand on a dix-sept ans
et qu’on a des tilleuls verts
sur la promenade »